- Publication : 27 mars 2015
Episode 19 : De la rééducation à la réadaptation...
En cette année 2002, les séances avec les intervenants du SESSAD se poursuivent.
♦ Au niveau moteur, pour les membres supérieurs...
Jérémie a toujours du mal à contrôler la motricité de son poignet et des doigts. La spasticité, ainsi que des troubles de la sensibilité, n'arrangent rien...
Les préhensions sont donc difficiles pour lui, car l'ouverture de sa main pour prendre ou lâcher un objet lui demande énormément d'efforts.
Souvent, Jérémie utilise sa main gauche pour ouvrir sa main droite... Avec cette main, il arrive à prendre des objets de taille moyenne, comme un cube de 2 cm par exemple, mais au-delà ou au-dessous de cette taille, c'est très difficile pour lui !
Seulement, si Jérémie a des capacités de préhension, en situation réelle il ne les utilise pas ! Je veux dire par là qu'il réalise ces exercices uniquement pendant les séances d'ergothérapie, mais à la maison il ne se sert jamais de sa main droite pour prendre quelque chose !
Evidemment, c'est avec la main gauche qu'il compense... Il réalise les gestes en unimanuel et a d'ailleurs acquis une très bonne dextérité, puisqu'il est capable de réaliser deux gestes en même temps avec cette main :
- tenir avec la main interne (c'est-à-dire les deux à trois derniers doigts),
- tirer, visser etc avec la main externe (c'est-à-dire les trois premiers doigts).
C'est impressionnant de le voir se débrouiller ainsi ! Mais je tremble souvent à l'idée qu'il arrive quelque chose à cette main, encore aujourd'hui...
2002
♦ Pour le membre inférieur droit...
Jérémie a perdu le bénéfice de la déambulation plantigrade qu'il avait récupéré après l'ablation du dernier plâtre réducteur. On enchaine donc avec une nouvelle injection de toxines, suivie d'une nouvelle série de plâtres réducteurs.
Après l'attelle de nuit, au cours du second semestre 2002, Jérémie est équipé d'un appareillage de jour, c'est-à-dire une orthèse de jour anti-équin que l'on met dans des chaussures du commerce. Le choix est cependant limité car l'attelle ne rentre pas dans toutes les chaussures : seules des chaussures de randonnée conviennent.
2002
♦ Au niveau visuel...
Ainsi que je l'ai déjà mentionné, le champ visuel de Jérémie est rétréci sur la droite, mais il a appris à compenser ce défaut de vision en tournant la tête. Ainsi, lorqu'il réalise un travail sur table par exemple, il n'oublie rien, et met juste un peu plus de temps que les autres...
♦ Aides à la scolarité...
Pour faciliter la scolarité de Jérémie et le rendre autonome un maximum, il a fallu trouver des adaptations. Je me demandais par exemple comment Jérémie allait faire pour tracer des traits, car il est impossible d'utiliser un crayon et une règle en même temps.
L'ergothérapeute a trouvé la solution : Jérémie utilise une planche à dessin, avec une règle qui se fixe. Ainsi, cette planche à dessin l'a suivi durant toute sa scolarité en primaire, au collège, puis au lycée...
Pour découper, il utilise un poids et tourne la pièce à découper. Cela lui demande une bonne organisation mais il est très à l'aise et progresse dans ce domaine.
♦ L'autonomie....
Jérémie commence à essayer de s'habiller seul : en enfilant d'abord le membre supérieur droit, il arrive par exemple à mettre son manteau. Il a ensuite besoin d'aide pour enclencher la fermeture, mais après cela il peut la monter tout seul jusqu'en haut, en maintenant le manteau avec son coude droit.
2002
En fin d'année 2002, arrive un stade où les objectifs évoluent en ergothérapie. Désormais, ce n'est plus la rééducation et la récupération qui priment, mais plutôt la réadaptation et l'adaptation de l'environnement autour de Jérémie. Il en va de même pour le développement maximum des compensations à gauche, tout en veillant à ce qu'il n'oublie pas sa main droite pour autant...
Un nouveau cap est donc franchi. On arrive à certaines limites dans la récupération de Jérémie, notamment au niveau de sa main droite...
Peu nous importe, l'important maintenant est de trouver des solutions de compensation pour qu'il arrive à se débrouiller seul un maximum.
Jérémie est encore petit, et je rêve d'une autonomie complète pour "quand il sera grand"... Et, même si pour l'instant cela semble sur la bonne voie grâce au SESSAD, j'appréhende toujours son futur d'adulte...
Le parrain de Jérémie lui a fait un joli cadeau, "fait maison"...
En randonnée, Jérémie commence à marcher seul avec un bâton...
A suivre...